Dans le domaine médical, la confiance dans les traitements repose en grande partie sur la sécurité des produits de santé : médicaments, dispositifs médicaux, implants ou vaccins. Pourtant, malgré des contrôles stricts, certains de ces produits peuvent présenter des défauts graves, provoquant des accidents médicaux aux conséquences parfois irréversibles.
Lorsqu’un produit censé guérir cause au contraire un dommage, il est essentiel de connaître les droits des victimes, les responsabilités juridiques des fabricants ou distributeurs, ainsi que les voies de recours possibles. Ce type d’accident soulève des questions complexes, mêlant droit du dommage corporel, contentieux médical, expertise, et parfois procédures contre des laboratoires puissants.
➡️ Cet article vous apporte une information claire sur :
- les cas fréquents de produits de santé défectueux,
- la législation applicable,
- les délais à ne pas manquer pour agir,
- et surtout, les solutions pour obtenir une indemnisation.
📚 Le cadre légal : une responsabilité sans faute du producteur
La responsabilité des produits de santé défectueux repose principalement sur la directive européenne 85/374/CEE du 25 juillet 1985, transposée en droit français par la loi du 19 mai 1998.
🔹 Cette loi instaure un régime de responsabilité sans faute : la victime n’a pas besoin de démontrer une négligence du producteur.
🔹 Il suffit de prouver trois éléments :
- le défaut du produit,
- le dommage subi,
- un lien de causalité entre les deux.
👉 Ce régime s’applique à tout produit mis en circulation après l’entrée en vigueur de la loi. Pour consulter la directive officielle : EUR-Lex – Directive 85/374/CEE
⚠️ Quels produits de santé peuvent être défectueux ?
La notion de produit de santé est large. Elle inclut notamment :
- les médicaments (ex. : Dépakine, Mediator),
- les vaccins (ex. : Gardasil, vaccin Covid-19),
- les prothèses et implants,
- les dispositifs médicaux (pompes, cathéters, pacemakers…),
- les produits biologiques : sang, tissus, cellules, organes…
Un produit est défectueux s’il n’offre pas la sécurité légitime attendue, indépendamment de sa conformité réglementaire.
Les types de défauts les plus courants :
- Défaut de fabrication : erreur lors de la production.
- Défaut d’évaluation : risques insuffisamment testés.
- Défaut d’information : effets indésirables non mentionnés dans la notice ou sous-évalués par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
👩⚖️ Qui est responsable ?
La loi identifie plusieurs responsables potentiels :
- Le producteur : souvent le fabricant ou le laboratoire.
- L’importateur : si le produit vient de l’étranger.
- Le distributeur ou fournisseur : s’il ne désigne pas le producteur dans un délai de trois mois après réclamation.
📍 Le professionnel de santé (médecin, pharmacien) n’est pas responsable, sauf en cas de faute propre (erreur de prescription, mauvaise administration…).
🏥 L’établissement de santé peut-il être mis en cause ?
L’établissement de santé (clinique, hôpital) n’est pas responsable du défaut du produit si celui-ci a été utilisé conformément aux normes.
Cependant, sa responsabilité peut être engagée :
- en cas de mauvais usage du produit,
- en cas de défaut de surveillance ou d’alerte,
- si le personnel n’a pas correctement informé le patient.
🧾 Ce que la victime doit prouver pour être indemnisée
Pour obtenir une réparation, la victime doit démontrer :
- Le défaut du produit (danger anormal),
- Le dommage (lésion corporelle, séquelle, souffrance…),
- Le lien de causalité entre les deux.
📌 La preuve peut être complexe, notamment dans les cas de vaccins ou d’effets secondaires différés. Cependant, la jurisprudence admet aujourd’hui que certains indices graves, précis et concordants peuvent suffire à établir ce lien.
⏳ Délais à respecter pour agir
Deux délais légaux sont à connaître :
1. Délai de prescription
La victime dispose de 3 ans à partir du moment où elle :
- a connaissance du dommage,
- identifie le produit défectueux,
- connaît l’identité du producteur.
➡️ Ce délai est strict. Passé ce délai, toute action devient irrecevable.
2. Délai d’extinction
La responsabilité du producteur expire 10 ans après la mise en circulation du produit. Même si le dommage est découvert tardivement, il n’est plus possible d’agir au-delà de ce délai.
Wikipedia – Responsabilité du fait des produits défectueux
🧪 Exemples de produits défectueux reconnus
Mediator
Commercialisé de 1976 à 2009, ce coupe-faim a provoqué des valvulopathies cardiaques. Le laboratoire Servier a été condamné à de lourdes amendes.
Dépakine
Utilisée en neurologie, elle a causé des malformations graves chez les enfants exposés in utero. Plus de 30 000 victimes potentielles. Un dispositif d’indemnisation est géré par l’ONIAM.
Androcur
Ce traitement hormonal est associé à un risque accru de méningiomes. L’information a été insuffisante pendant des années.
Isoméride
Retiré du marché en 1997 pour son lien avec l’hypertension artérielle pulmonaire.
Gardasil
Vaccin contre le papillomavirus. Certaines jeunes femmes ont développé des pathologies auto-immunes graves après vaccination. Des procédures sont en cours.
Pilules de 3e et 4e génération
Risques accrus de thromboses, embolies pulmonaires et AVC.
⚖️ Vos recours juridiques
Plusieurs démarches sont envisageables :
- Action en responsabilité civile devant le tribunal judiciaire,
- Procédure amiable devant les CCI (Commissions de Conciliation et d’Indemnisation),
- Saisine de l’ONIAM, notamment pour les cas liés aux vaccins,
- Action pénale en cas de tromperie ou mise en danger volontaire.
👉 Pour en savoir plus, consultez nos pages connexes :
- Indemnisation par l’ONIAM
- Vaccination Covid : vos droits
- Aléa thérapeutique
- Infection nosocomiale
- CCI : commissions d’indemnisation
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Questions fréquentes
Qu’est-ce qu’un produit de santé défectueux ?
Un produit de santé est défectueux lorsqu’il n’offre pas la sécurité légitime à laquelle on peut s’attendre. Cela peut être dû à un défaut de fabrication, d’information ou d’évaluation des risques, indépendamment de son autorisation de mise sur le marché.
Qui peut être tenu responsable d’un produit défectueux ?
Le producteur est principalement responsable. Il peut s’agir du fabricant, de l’importateur ou de la personne apposant sa marque. En l’absence d’identification, le fournisseur peut être tenu responsable. En milieu hospitalier, l’établissement peut aussi être concerné sous certaines conditions.
L’hôpital peut-il être responsable d’un produit défectueux ?
Oui, dans certaines situations. Même sans faute de l’établissement, la jurisprudence Marzouk permet d’engager la responsabilité sans faute de l’hôpital lorsqu’il utilise un dispositif médical défectueux, indépendamment du régime européen de responsabilité du producteur.
Dois-je engager une action contre le producteur ou contre l’hôpital ?
Les deux options sont envisageables. Vous pouvez attaquer le producteur ou fournisseur sur le fondement de la directive européenne (Code civil, art. 1245), ou l’établissement de santé directement, sur le fondement de la jurisprudence Marzouk, parfois plus favorable car l’établissement est souvent identifié et accessible.
Quels sont les délais pour agir en justice ?
Vous disposez de 3 ans à compter du jour où vous avez eu connaissance du dommage, du défaut et de l’identité du producteur. Toutefois, l’action est forclose si elle est engagée plus de 10 ans après la mise en circulation du produit (article 1245-15 du Code civil).
Qu’est-ce que la jurisprudence Marzouk ?
Il s’agit d’un régime de responsabilité sans faute reconnu par le Conseil d’État, qui permet à une victime de poursuivre l’hôpital en cas d’utilisation d’un produit défectueux, sans avoir à rechercher le producteur. Ce régime est parallèle à celui de la directive européenne et plus protecteur pour les patients.
Peut-on cumuler les recours contre l’hôpital et le producteur ?
La victime choisit librement sa voie d’action, mais ne peut pas être indemnisée deux fois pour les mêmes faits. L’établissement de santé, s’il est condamné, peut ensuite exercer une action récursoire contre le producteur pour se faire rembourser les indemnités versées.
Comment prouver que le produit était défectueux ?
La preuve repose sur des éléments médicaux et techniques. Un rapport d’expertise, des témoignages médicaux ou une reconnaissance officielle du défaut (ex. : rappel du produit, mise en garde de l’ANSM) peuvent être utilisés. L’aide d’un avocat est essentielle pour rassembler les indices et constituer un dossier solide.
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