Extension du préjudice économique des proches de la victime directe

Frais d'aménagement des proches de la victime de dommages corporels

📌 En résumé

➡️ Thème : Indemnisation des frais d’aménagement supportés par les proches
🏛️ Jurisprudence : Arrêt de la Cour de cassation du 5 octobre 2017
🧑‍🦽 Victime : Homme devenu paraplégique à la suite d’un accident du travail
👨‍👩‍👦 Victimes indirectes : Parents et frère indemnisés pour les frais engagés chez eux
⚖️ Principe affirmé : L’inclusion dans la vie familiale justifie une extension du préjudice économique

Introduction : Une avancée majeure pour les familles de victimes

Lorsqu’une personne est grièvement blessée, les conséquences ne s’arrêtent pas à sa seule situation personnelle. Les membres de sa famille, eux aussi, peuvent être affectés, non seulement sur le plan moral, mais aussi d’un point de vue économique. L’arrêt de la Cour de cassation n°1308 du 5 octobre 2017 reconnaît expressément ce fait : les proches peuvent obtenir réparation pour les frais qu’ils engagent afin de permettre à la victime directe de maintenir un lien familial.

Cette jurisprudence illustre une évolution dans l’interprétation de la nomenclature Dintilhac, en affirmant que les dépenses d’aménagement du logement des proches peuvent être considérées comme un préjudice indemnisable.

⚙️ Contexte de l’affaire

Un accident du travail aux conséquences dramatiques

En novembre 2009, un ouvrier employé dans une scierie a un grave accident du travail. Chargé du démontage d’une empileuse automatique de planches, il est grièvement blessé lorsque la machine s’abat sur lui. L’accident entraîne de multiples traumatismes, notamment au rachis cervical, provoquant une paraplégie.

⚖️ Une procédure judiciaire en plusieurs étapes

Tribunal des affaires de la sécurité sociale

Le 24 janvier 2013, le tribunal des affaires de la sécurité sociale reconnaît la faute inexcusable de l’employeur, le rendant responsable des dommages subis. En parallèle, le tribunal correctionnel condamne l’employeur pour blessures involontaires.

Cour d’appel de Grenoble

Les parents, le frère et la compagne de la personne lésée engagent également une procédure en indemnisation de leurs propres préjudices. Le 16 juin 2016, la Cour d’appel de Grenoble condamne l’employeur et ses assureurs à dédommager l’entourage du blessé.

Le pourvoi en cassation

L’assureur conteste la décision, en particulier l’obligation de rembourser :

  • Aux parents, le coût d’installation d’une rampe d’accès pour permettre à leur fils de leur rendre visite en fauteuil roulant ;
  • Au frère, les coûts d’aménagement d’une chambre adaptée dans son logement.

🏛️ Arrêt de la Cour de cassation du 5 octobre 2017 : une décision fondatrice

La Cour de cassation rejette le pourvoi. Elle confirme que :

Les frais engagés par les proches pour rendre leur logement accessible afin de recevoir la victime constituent un élément de leur propre préjudice économique.

Ainsi, même si la victime principale reçoit déjà une compensation pour l’adaptation de son propre logement, cela n’exclut pas une indemnisation complémentaire au profit des personnes de l’entourage, dès lors qu’ils apportent la preuve :

  • Que la victime doit être reçue chez eux (ex. : visites régulières, accueil temporaire ou vacances familiales) ;
  • Et que les aménagements sont nécessaires à cette possibilité d’accueil.

Cette solution repose sur le principe fondamental de la réparation intégrale du dommage, qui vise à replacer chacun dans la situation où il se serait trouvé si l’accident n’avait pas eu lieu.

📘 Une jurisprudence conforme à l’évolution du droit de la réparation

Cette décision s’inscrit dans une tendance jurisprudentielle plus large, qui tend à mieux prendre en compte la réalité des situations vécues par les proches. Elle illustre également la souplesse de la nomenclature Dintilhac, dont la juridiction de dernier ressort rappelle qu’elle est indicative, et non limitative.

La reconnaissance de ce type de dépenses comme préjudice économique ouvre la voie à :

  • Une meilleure inclusion du blessé dans la vie familiale et sociale ;
  • Un soutien concret aux aidants et à la famille et amis impliqués au quotidien ;
  • Une vision plus humaine de la justice indemnitaire.

📚 Points juridiques clés à retenir

ÉlémentAnalyse
🧾 Nature du préjudiceÉconomique, au titre des frais d’aménagement engagés
👥 Qualité du demandeurVictime par ricochet (parents, frère, etc.)
🔎 Preuve exigéeNécessité de l’aménagement et réalité des visites
📖 Nomenclature DintilhacCadre de référence, mais ouvert à des compléments
⚖️ Principe applicableRéparation intégrale du dommage subi

💬 En conclusion

Cette jurisprudence est une étape importante dans la reconnaissance du rôle des proches dans le parcours de vie des personnes lourdement handicapées. En reconnaissant que l’environnement familial a un coût lorsqu’il s’adapte au handicap, la juridiction suprême contribue à une meilleure justice pour l’entourage des personnes lésées.

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FAQ – Réparation des aménagements réalisés par l’entourage

Oui. Si un membre du cercle familial prend l’initiative de rendre son domicile accessible à un proche en situation de handicap, ces dépenses peuvent faire l’objet d’une indemnisation, sous certaines conditions.

Absolument. Il est nécessaire de prouver que l’accueil est effectif et fréquent. Les juges prennent en compte la réalité des visites pour évaluer la pertinence des travaux réalisés.

La nomenclature Dintilhac ne mentionne pas expressément ce cas. Toutefois, la Cour de cassation a reconnu que le référentiel n’était pas limitatif et que d’autres préjudices patrimoniaux peuvent être réparés.

Tout proche ayant supporté des charges en lien direct avec le handicap d’un tiers : parent, frère ou sœur, conjoint, voire un ami proche. La clé est d’apporter des justificatifs et de montrer que ces efforts ont permis de maintenir un lien concret.

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